Est-ce que l’hypnose est efficace ?

L’hypnose est une technique ancienne utilisée pour les soins de la peau dans les sociétés occidentales depuis au moins 200 ans. Par la parole, le praticien en hypnose induit chez le patient un état de conscience particulier caractérisé par une indifférence extérieure et une hypersuggestibilité. Cet état de conscience « hypnotique » peut être utilisé pour amplifier les ressources internes du patient afin de combattre l’anxiété et la douleur et de faire disparaître les symptômes. La pratique psychothérapeutique de l’hypnose attache une grande importance à la notion de présence, à laquelle le patient accède par ses perceptions sensorielles.

Evaluation de l’efficacité de la pratique de l’hypnose.

En fait, l’hypnose couvre un ensemble de pratiques significativement différent : hypnosédation (sédatif, utilisé en anesthésie), hypnoanalgésie (pour la douleur) et hypnothérapie (à des fins psychothérapeutiques). Il en va de même pour les formations en hypnose en France : elles sont hétérogènes. Il existe une douzaine de cours universitaires, non reconnus à ce jour par l’Ordre des médecins. Il existe également de nombreux cours de formation associatifs et privés. Certains sont réservés aux professions médicales et/ou aux professions de santé, tandis que d’autres sont accessibles à un public plus large. Par conséquent, le statut d’hypnothérapeute, non réglementé, affecte des professionnels ayant des qualifications très différentes.

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Les mécanismes physiologiques qui agissent en hypnose ont été étudiés et continuent de l’être régulièrement. Les résultats de ces études ont permis d’objectiver les modifications de la fonction cérébrale liées à la transe hypnotique, mais ils n’expliquent toujours pas complètement le phénomène.

L’EMDR (désensibilisation et retraitement des mouvements oculaires) est une pratique beaucoup plus récente (fin des années 1980). Il intègre certains éléments d’hypnose et d’autres approches psychothérapeutiques. Cette brève thérapie, basée sur le modèle de traitement adaptatif de l’information, est notamment utilisée dans le traitement du trouble de stress post-traumatique. La formation initiale et continue est surveillée et homogénéisée aux niveaux national et européen pour obtenir le titre de « praticien EMDR Europe » (ou réaccréditation).

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Il existe une vingtaine d’études cliniques (dont plus de 100 sujets) et/ou des revues de littérature menées par la Fondation Cochrane qui ont visé à évaluer l’efficacité de l’hypnose dans certaines de ses indications : hypnosédation, hypnoanalgésie (accouchement, chirurgie, etc.), pathologies fonctionnelles ( colopathie, bouffées de chaleur, etc.), psychiatriques (addictions, stress post-traumatique). Certaines de ces études ont de véritables qualités méthodologiques. Les résultats sont variables ; cependant, il existe suffisamment de preuves pour suggérer que l’hypnose présente un intérêt thérapeutique potentiel, en particulier dans l’anesthésie peropératoire ou la colopathie fonctionnelle (côlon irritable). Les données actuelles sont insuffisantes, voire décevantes pour d’autres indications, telles que l’arrêt du tabac ou la gestion de la douleur pendant le travail. Cependant, des études qualitatives conduisent à une relativisation de la portée de ces conclusions : les bénéfices de l’hypnose telle que formulée par les patients ont du mal à être traduits en termes numériques à l’aide d’instruments cliniques couramment utilisés dans les études. Par exemple, dans le traitement de la douleur, c’est l’impact émotionnel de la douleur qui serait réduit par l’hypnose plutôt que par l’intensité de la douleur elle-même.

La prise en charge de l’EMDR

En ce qui concerne la prise en charge de l’EMDR et du trouble de stress post-traumatique (TSPT), deux examens Cochrane confirment que l’EMDR est efficace dans la prise en charge des TSPT chez les adultes, mais ces examens ne conduisent pas à une conclusion chez les enfants et les adolescents.

En ce qui concerne la sécurité de l’hypnose et de l’EMDR, les études sont rassurantes. Cependant, nous devons être conscients des déviations éthiques que peuvent entraîner les techniques de suggestion. Comme dans de nombreuses autres techniques de soins non conventionnelles, la réglementation des pratiques serait souhaitable.

Bien entendu, les études visant à évaluer l’effet clinique de l’hypnose nécessitent de repenser les normes méthodologiques. classiques. Bien entendu, il est possible et utile de mener des études comparatives randomisées. Mais nous sommes conscients que des études qualitatives bien menées sont tout aussi essentielles pour déterminer ce que les patients ont vécu subjectivement au cours de ces traitements. Ce point de vue subjectif est essentiel compte tenu des objectifs thérapeutiques de l’hypnose. Ces études des mesures qualitatives sont également essentielles lorsqu’il s’agit de choisir le ou les critères d’efficacité utilisés dans les essais thérapeutiques randomisés. Sinon, une étude négative laissera toujours la place au doute quant à la perte du « véritable » intérêt pour l’hypnose. Il est également difficile de choisir le groupe témoin à inclure dans ces essais. Faut-il utiliser un « placebo » d’hypnose ? Tout dépend de l’objectif recherché. S’il s’agit de démontrer l’utilité clinique de l’hypnose, alors non, un groupe témoin de soins de routine suffira. S’il essaie de rechercher les composants les plus efficaces des soins hypnotiques, alors oui, il sera utile d’offrir à un groupe de patients une version réduite des soins hypnotiques.

Comme vous pouvez le constater, l’évaluation de l’hypnose en médecine soulève de nombreuses questions. Mais c’est possible et nous serons heureux de constater que de plus en plus d’études sont menées dans ce domaine, y compris en France.

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