Tout savoir sur le lama : son habitat, son alimentation et son comportement

Quatre millénaires d’histoire pour un animal, ce n’est pas un hasard. Le lama, domestiqué par les peuples andins bien avant que le premier sabot de cheval ne fouille la terre sud-américaine, n’a jamais quitté le devant de la scène. Si la confusion avec son cousin l’alpaga persiste, la différence saute aux yeux : stature, tempérament, et surtout, fonctions. Solide comme un roc, le lama porte des charges qui feraient plier bien des bêtes, tout en bravant les excès du climat andin.

Mais le lama ne se contente plus des altitudes vertigineuses de ses origines. Sa laine, sa chair, son rôle social : tout contribue à sa présence à travers de nombreux villages et fermes du continent. Pour beaucoup, il incarne la ressource, le lien et la fierté.

Le lama : portrait d’un camélidé fascinant

Animal emblématique des Andes, le lama occupe une place de choix parmi les camélidés américains. Sous le nom de Lama glama, il partage son histoire évolutive avec la vigogne, le guanaco et l’alpaga. Pourtant, sa silhouette, à la fois puissante et singulière, ne laisse aucun doute sur son identité.

Un lama adulte mesure autour de 1,7 à 1,8 mètre au garrot, avec un poids qui oscille généralement entre 120 et 150 kg. On parle d’un compagnon robuste, capable d’accompagner les familles andines durant 15 à 20 ans. Sa lèvre supérieure fendue, ses oreilles en forme de banane et sa fière allure sont le résultat d’une adaptation patiente aux contraintes de la cordillère des Andes.

Son corps est taillé pour résister : membres fins mais solides, long cou, épaisse toison laineuse. Si cette laine n’a pas la douceur ni la finesse de celle de l’alpaga, elle protège du froid mordant et des bourrasques. Les mâles se distinguent par leur carrure, tandis que les femelles privilégient l’agilité, une question de survie sur les reliefs escarpés.

Le lama a fait ses preuves comme bête de somme. Il peut transporter jusqu’à 40 kg sans faiblir, même sur des chemins impraticables. Économe, peu exigeant, il laisse à peine de traces sur son passage, un atout apprécié des éleveurs soucieux de préserver la terre. Parfaitement adapté, il symbolise la réussite d’une cohabitation entre l’homme et l’animal, au croisement du domestique et du sauvage, au cœur même de l’économie pastorale andine.

Où vit le lama et de quoi se nourrit-il au quotidien ?

L’univers du lama, c’est la cordillère des Andes dans toute sa rudesse. On le croise principalement sur les hauts plateaux perchés entre 2 500 et 4 000 mètres d’altitude. Là-haut, la végétation se fait rare, le vent balaie tout sur son passage et seuls les plus résistants tiennent bon. Son territoire s’étend sur le Pérou, la Bolivie, le Chili, l’Argentine et l’Équateur, avec une présence marquée dans la puna, ce paysage typique, sec et extrême, des Andes.

Adapté à ce contexte exigeant, le lama se contente d’un régime sobre. Sa nourriture principale se compose de végétaux adaptés à la sécheresse, qu’il digère grâce à un système ruminal performant. Il tire son énergie de ces ressources modestes, sans jamais épuiser les sols.

Voici ce que l’on retrouve dans son assiette quotidienne :

  • Graminées andines : festuca, poa, stipa
  • Herbes basses et mousses
  • Arbustes épineux et buissons

L’eau est rare, parfois à des kilomètres. Pourtant, le lama s’en accommode avec une sobriété exemplaire. Sa mobilité et son efficacité nourricière lui permettent de s’imposer dans l’élevage traditionnel en Amérique du Sud. Il exploite les maigres ressources de la montagne tout en respectant son environnement. Le lama incarne, à sa manière, l’équilibre entre survie et préservation, une leçon de modestie et d’intelligence écologique.

Comportement et vie sociale : ce que révèle l’observation du lama

Observer un troupeau de lamas, c’est saisir la complexité de leur vie sociale. Leur organisation repose sur le harem : un mâle adulte dirige un groupe de femelles et leurs petits, les crias. Les jeunes mâles, dès l’adolescence, quittent le groupe pour former des bandes distinctes. Là, la hiérarchie se construit à coups de postures, parfois de brefs affrontements.

Leur façon de communiquer est tout sauf banale. Les lamas expriment leur humeur par des sons, des attitudes corporelles et, bien sûr, ce fameux crachat mêlé de salive et de liquide stomacal. Ce geste, loin d’être anodin, sert à affirmer une place ou à protéger le groupe. Un grognement, la tête haute, la queue dressée : autant de signes qui régulent la vie du troupeau.

Le lama reste attentif à ses pairs, le troupeau fonctionnant comme une entité solidaire face aux dangers. La vigilance est collective, chaque mouvement scruté, chaque alerte entendue. Les séances de toilettage mutuel, fréquentes, renforcent les liens et la cohésion.

Docile, capable d’apprendre les attentes de l’homme, le lama s’intègre aussi dans des rôles nouveaux : randonnée, animal de compagnie, partenaire de médiation animale. Sa douceur, son attachement au groupe, sa capacité à porter sans effort des charges modérées séduisent aujourd’hui bien au-delà de ses montagnes d’origine. D’ailleurs, il n’est pas rare de croiser des lamas en France, dans des fermes pédagogiques, ou lors d’activités thérapeutiques.

Petite harde de lamas près d

Du symbole andin à la comparaison avec l’alpaga : quelle place pour le lama dans la culture sud-américaine ?

Au fil des siècles, le lama s’est imposé comme un pilier des sociétés andines. Symbole vivant de la culture andine, il a soutenu l’empire inca et continue d’accompagner la vie des familles de Cuzco à la Bolivie. Il n’est pas seulement bête de somme : il accompagne les rites, marque les saisons, incarne une vision du monde enracinée dans la cosmovision andine.

Face à l’alpaga, le lama se différencie nettement. Ses oreilles en forme de banane, sa silhouette plus massive, le rendent reconnaissable entre tous. Là où l’alpaga brille par la finesse de sa laine, le lama est d’abord apprécié pour sa robustesse et sa force de travail. Sa laine, plus grossière, alimente l’artisanat local, même si elle ne rivalise pas sur le plan du luxe. Sur les marchés, dans l’art, ou à travers le tourisme, le lama s’affiche comme une figure incontournable, porteuse d’identité, bien au-delà des frontières de l’Amérique du Sud.

La relation entre l’homme et le lama traverse les époques. De la zoothérapie aux fermes pédagogiques, sa polyvalence séduit toujours plus loin. Compagnon discret mais indispensable des Andes, le lama incarne la longévité, l’adaptabilité et le lien indéfectible avec ceux qui partagent son quotidien. Dans chaque fibre de sa laine, dans chaque pas sur la puna, il perpétue une histoire millénaire où l’animal et l’humain se réinventent sans cesse.

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